Iels
C'est un pronom neutre, contraction des pronoms il et elle. Ce nouveau pronom qui est apparu dans le dictionnaire il y a peu de temps est utilisé par les personnes non-binaires. Ce qui veut dire une personne qui ne se voit pas dans les cases binaires homme, femme.
Une société en changement. Ce n'est plus comme dans ma jeunesse, même si je ne me considère pas vieux à l'aube de mes soixante chandelles, toutes les sociétés ont, au cours des temps, changé plus ou moins profondément et plus ou moins rapidement. Les modes vestimentaires, le mode de vie, la façon de s'alimenter, les lois, les religions, nos modes de communications, etc. La société n'est plus celle de ma jeunesse, je ne vois plus le monde du même oeil. Chaque siècle demande de nouvelles adaptations au changement.
Les stéréotypes et les préjugés eux restent coriaces.
Même, si les stéréotypes de genre sont de plus en plus boudés par plusieurs d'entre nous, ils demeurent pour plusieurs un ancrage essentiel à la survie d'une société.
C'est à Walter Lippmann (1922) que l'on doit la notion de stéréotype.
Ce terme de "stéréotype" existe depuis 1798 et désigne un coulage de plomb dans une empreinte destiné à la création d'un "cliché" de modèle de société dont nous devons adhérer. Il désigne par là les images que nous nous construisons au sujet des groupes sociaux, des croyances dont il veut souligner la rigidité. Selon lui, ces images nous sont indispensables pour faire face à la complexité de notre environnement social ; elles nous permettent de simplifier la réalité pour nous y adapter plus facilement. Par ailleurs, ces représentations ne sont pas dépourvues d'effets négatifs sur certaines personnes. Les comportements discriminatoires s'accompagnent en effet de représentations stéréotypées des groupes à l'égard desquels la discrimination s'exerce (pour une revue, voir Croizet et Leyens, 2003).
Il semble qu’il puisse y avoir au moins autant de stéréotypes qu’il y a de différents groupes humains. Les stéréotypes remplissent donc une fonction cognitive importante : devant la grande quantité d'infos qu’il assimile, l’humain décomplique la réalité qui l’entoure, la catégorise et la classe dans une case précise. Les stéréotypes touchent tout le monde et produisent certaines injustices et inégalités sociales, on sait tout cela déjà.
Les préjugés sont de même nature que les stéréotypes, ils catégorisent et de classifient l'humain en s'appuyant d'éléments subjectifs sur le physique, l'âge, le statut social, la religion, l'origine, l'orientation sexuelle, l'identité de genre, etc.
Nous forgeons et renforcissons nos préjugés dans nos interactions sociales, dans notre milieu familial, avec nos relations au travail, dans nos temps de loisirs ou par l'influence des médias et bien souvent sans en être vraiment conscients. Comme les stéréotypes, les préjugés empêchent le «moi» d'exister, c'est le «nous» qui l'emporte. Le «nous» peut donc se permettre le rejet de certains individus non conformes au nom des lois rigides des stéréotypes et des préjugés collectifs.
La société est en mouvement, elle progresse, elle change à petits pas. La route est encore longue pour voir la disparition des stéréotypes et des préjugés, ce n’est pas comme la théorie sur la disparition des dinosaures qu'une météorite aurait fait disparaître instantanément dans une méga explosion.
Le « iel » dans le dictionnaire est déjà un bon début, cela veut dire que ce pronom existe et que les personnes qui l'utilisent existent aussi. Nous ne pouvons donc pas nier l'évidence. Qu'on le veuille ou non, c'est une reconnaissance des personnes non-binaires.
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